Ce dimanche 22 septembre, trois communes votaient sur un projet de parc éolien. Deux d’entre elles ont rejeté le projet qui leur était soumis. Ce résultat atteste des profondes réticences de la population face à une forme de production d’électricité hautement contestée. Il souligne également toute l’importance de donner à la population la possibilité de se prononcer de manière démocratique sur les projets éoliens, un droit que le Conseil fédéral et Parlement veulent remettre en cause.
À Belfaux (FR), l’opposition à l’implantation d’un parc éolien sur le site Les Collines de la Sonnaz s’élève à plus de 78%. Dans le cadre de ce vote consultatif, la population a pu dire toute son incompréhension face à la destruction de son cadre de vie. Quant à la commune de Sonvilier (BE), elle votait pour la seconde fois sur le plan de quartier du projet de parc éolien des « Quatre Bornes ». Alors que le premier vote de 2020 s’était joué à quatre voix près, la population a cette fois rejeté le projet de manière plus claire, à 53,6%. Bullet (VD) dit en revanche oui aux éoliennes, mais du bout des lèvres, seules 22 voix faisant la différence.
Deux constats importants peuvent être tirés de ces votes. Premièrement, en particulier en ce qui concerne Sonvilier et Bullet, les campagnes souvent émotives prouvent que l’éolien divise gravement nos communes, et parfois des familles entières. L’éolien est la seule énergie dite « renouvelable » qui déchire à tel point nos communautés. Au vu des grands nombres de parcs éoliens déjà prévus et aux nouveaux qui viendront s’y ajouter suite à la dernière révision de la loi fédérale sur l’énergie ‒ qui a ouvert grand les portes aux éoliennes ‒ nos autorités seraient bien avisées de prendre sérieusement en compte le côté clivant de l’éolien et de privilégier les alternatives.
Deuxièmement, les votes de Belfaux, Sonvilier et Bullet montrent toute l’importance de donner à la population le droit de se prononcer démocratiquement sur les projets éoliens. Or ce droit est actuellement remis en cause par le Conseil fédéral et le Parlement. Un projet de loi du Conseil fédéral pour l’accélération des procédures (23.051) est en ce moment en discussion dans les commissions des chambres. Il prévoit ni plus ni moins la suppression de l’échelon communal. Il reviendrait au canton d’implantation de délivrer en une seule fois toutes les autorisations cantonales et communales nécessaires pour la construction, l’agrandissement ou la rénovation de parcs éoliens. Les collectivités locales n’auraient ainsi plus voix au chapitre.
Il ne fait guère de doute que cette énième révision de la loi fédérale sur l’énergie est la conséquence directe d’une hostilité croissante de la population suisse envers les éoliennes, hostilité qui s’exprime lors des scrutins communaux. Soucieux de garantir la démocratie aussi en matière d’énergies renouvelables, un comité d’initiative soutenu par Paysage Libre Suisse a lancé une initiative populaire fédérale qui demandant que tous les habitants impactés par la construction d’éoliennes puissent se prononcer démocratiquement.
Les votes de ce week-end soulignent toute la pertinence de cette initiative. Ils montrent aussi qu’une transition énergétique ne peut réussir que si elle est portée par la population et non dirigée contre elle.